Mardi 21 mai 2013, un séminaire de partage et de débat autour des résultats de la première phase de la recherche action sur la nouvelle économie bio s’est tenu à Paris. Plus de 100 personnes étaient présentes, opérateurs impliqués dans les filières bio, des producteurs aux distributeurs, et acteurs de l’économie sociale et solidaire. Chercheurs et collectivités territoriales était aussi représentés ainsi que les services du Ministère de l’agriculture.
À cette occasion, les producteurs bio ont partagé leur démarche et les
enjeux qui y sont liés. Ronan Le Velly, maitre de conférence en sociologie UMR
innovation INRA SAD, a souligné la pertinence de cette approche dans le cadre
d’un changement d’échelle en illustrant, au travers de l’exemple de la
Californie, les risques liés de mise en concurrence des acteurs et les impacts
potentiels sur l’agriculture biologique, notamment avec la dégradation des
systèmes de production et la perte de biodiversité. Cet exemple extrême a le
mérite de clarifier les interactions existantes entre conditions de
commercialisation et mode de production.
Les concepts retenus et le modèle d’analyse des innovations
organisationnelles des structures économiques de producteurs bio ont été
exposés. Aux deux concepts clés développés, diversité et interdépendance, Jean-Marc
Meynard, Président du Conseil Scientifique de l’AB nous conseille d’ajouter
celui des transitions socio-techniques. Il permet d’appréhender les mécanismes
de transition d’une économie de niche à un nouveau modèle et
particulièrement l’hybridation aux modèles dominants.
C.Baron (Biolait) et E.Teillet (Système U) |
·
Témoignages sur la construction de
partenariats avec des acteurs classiques des filières en décloisonnant les
relations entre les parties prenantes et surtout en instaurant la
transparence, la confiance et la durabilité des échanges : le témoignage
d’Eric Teillet, chef de groupe pour le développement de produits frais à
système U, a souligné ces mots clef et l’importance des relations humaines,
·
Témoignages sur la concertation et
coopération avec des structures d’insertion et des collectivités territoriales.
G.Bernier et J-F.Caron (micro) |
Jean-Marc Meynard a souligné l’intérêt et la pertinence de la démarche, des concepts et du travail réalisé. Il nous encourage à aller plus loin dans l’analyse pour tirer des enseignements génériques et émettre des préconisations pour les politiques publiques à venir. Il invite également à mobiliser davantage les chercheurs, pour analyser ces expériences, étudier des cas d’échecs et la façon dont les acteurs bio abordent ce changement d’échelle dans la construction des filières, à l’étranger notamment chez nos voisins européens.
Hugues Sibille, Vice-président du Crédit
Coopératif, a souligné l’importance
de la biodiversité économique des territoires. Il nous a fait part de son
expérience en nous précisant quelques points de vigilance pour changer
d’échelle sans perdre son âme :
-
Mener la bataille des idées, porter un
message clair auprès des décisionnaires pour obtenir les financements de
l’animation nécessaire à l’accompagnement d’un changement d’échelle, et aussi
faire des propositions législatives,
-
Veiller à la gouvernance des entreprises et
des territoires, et ne pas hésiter à « re convoquer le projet »
-
Construire des critères d’impacts
socio-économiques pertinents et partagés.
Christophe Lecuyer, nouveau président de la Commission bio de Coop de France, a expliqué la diversité
des structures de cette commission et l’intérêt des échanges entre des
coopératives ayant une activité dédiée à la bio et celles n’ayant qu’une faible
part de leur activité sur ce secteur pour initier partout une dynamique bio.
Gérard Schrepfer (à gauche), représentant Conso
France, chargé de mission pour l’association Léo Lagrange, nous a livré une
analyse très objective de la vision des consommateurs et a insisté sur
l’intérêt d’amplifier les échanges pour donner des repères, notamment aux
consommateurs urbains qui sont déconnectés des réalités agricoles.
L’association Léo Lagrange conçoit que les produits biologiques notamment par
leur impact sur l’emploi dans les territoires soit plus couteux que les
produits conventionnels. Par contre, il faut l’expliquer aux consommateurs,
accompagner une révolution culturelle autour de l’agriculture et de
l’alimentation plutôt que d’assommer les consommateurs de publicité basée sur
des prix bas.
Elisabeth Mercier, Directrice de l’Agence
Bio, a répondu avec intérêt à cette nécessité de mieux communiquer et
échanger avec les différentes associations de consommateurs. Elle a proposé un
travail plus approfondie avec l’association Léo Lagrange et retenue
l’importance de travailler en direct avec les différentes associations de
consommateurs vu la diversité de leur sensibilité. Elle a aussi proposé que la
mise en œuvre du plan bio s’inspire largement de la méthode de recherche action
appliquée ici, pour laquelle acteurs bio et chercheurs seraient directement
impliqués dans le suivi et l’évolution du plan bio !
Ce séminaire était une première étape d’ouverture de la recherche action en invitant un plus large public. C’est maintenant le début d’une nouvelle phase ; celle-ci doit se poursuivre en intégrant d’autres acteurs des filières et des territoires, et en développant des partenariats plus étroits avec les chercheurs afin qu’ils puissent investir les champs complémentaires que nous ne pouvons mener seuls (comparaison internationale notamment).
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